Chauncey Hare, une conscience radicale
Documentaire social et mysticisme

Le photographe américain Chauncey Hare est connu pour son livre Interior America (1978). Souvent réduite à sa charge politique, cette série documentaire – à l’instar du reste de son œuvre – manifeste pourtant une ambivalence essentielle, liée notamment à sa composante spirituelle. Sa conception mystique de l’image l’éloigne des photographes de l’université de San Diego, avec qui il partage pourtant un projet critique, et le rapproche de Minor White. Ce lien paradoxal entre documentaire et spiritualité, jamais étudié dans l’œuvre de Hare, est ici mis en évidence par l’étude approfondie qu’a effectuée Camille Balenieri de ses archives conservées à Berkeley et New York, ainsi que par de nombreux entretiens. L’auteure montre que l’œuvre de Hare s’inscrit parfaitement dans le contexte des revendications politiques et sociales qui émergent dans la région de San Francisco dès les années 1950, et qui font du mysticisme un combat politique.

Chauncey Hare, Richmond, California, portrait d’Orville England, 1968, tirage argentique. Berkeley, Bancroft Library.

Normalienne, agrégée de lettres modernes, Camille Balenieri est actuellement doctorante contractuelle en histoire de l’art à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Michel Poivert. Sa thèse porte sur le photographe américain Chauncey Hare, dont elle a étudié les archives inédites à l’université de Californie à Berkeley. Son mémoire Suburbia (1972), Bill Owens est paru dans Octopus Notes (2015). Elle a coorganisé et participé à la journée d’étude « Photographie et Capitalisme » à l’Institut national d’histoire de l’art de Paris en mai 2017.

Référence : Camille Balenieri, « Chauncey Hare, une conscience radicale. Documentaire social et mysticisme », Transbordeur. Photographie histoire société, no 3, 2019, pp. 160-173.

Transbordeur
Revue annuelle à comité de lecture