Gisèle Freund et le monde communiste dans les années 1930
Photographe renommée pour ses portraits couleurs du milieu artistique et intellectuel parisien des années 1930, Gisèle Freund l’a dit et répété dans ses nombreux écrits : par prudence, elle a abandonné toute activité politique le jour où elle a franchi la frontière pour se réfugier en France. Les archives papier de cette sociologue sont presque muettes sur ce sujet pour la période d’avant-guerre. Or, en se tournant vers l’étude de ses photographies, leur contenu mais aussi leur diffusion, on découvre que Gisèle Freund a bel et bien participé à une forme de lutte politique après son arrivée en France en 1933, même si cela demande avant tout d’élargir la notion d’engagement à une acception plus large, fondée sur la prise de position, où être engagée peut aussi vouloir dire, plus discrètement, appartenir à des réseaux ou des organisations collectives, comme des revues ou des associations, autant de structures politiques déterminantes dans le parcours de chaque individu.
Enseignante à la Parsons School of Art & Design à Paris, Lorraine Audric est diplômée de l’école du Louvre et de la Columbia University en histoire de l’art moderne et contemporain. Chercheuse associée à l’Institut mémoires de l’édition contemporaine, elle a notamment participé à de nombreux projets autour des archives de Gisèle Freund : direction de la campagne de numérisation du fonds (2012-2016), commissariat scientifique des expositions Gisèle Freund. L’OEil frontière, Paris 1933-1940 (2012) et Gisèle Freund, Fotografische Szenen und Porträts (2014).
Mots clés : Gisèle Freund, reportage, engagement politique, France
Référence : Lorraine Audric, « De la politique à la photographie. Gisèle Freund et le monde communiste dans les années 1930 », Transbordeur. Photographie histoire société, no 4, 2020, pp. 82-93.