Une nouvelle abstraction ?
Le photographique à l’ère post-digitale

Longtemps, l’histoire de l’abstraction s’est passée du médium de la photographie. Il faudra attendre la fin du XXe siècle, cinquante ans après son apogée dans l’art moderne, pour que l’abstraction connaisse une véritable renaissance dans la photographie contemporaine. L’article examine la thèse selon laquelle, derrière ce retour de l’abstraction, on assiste à une confrontation autoréflexive avec la matérialité et la médialité de l’acte photographique à l’ère de sa prétendue disparition. C’est avec l’avènement du numérique que l’abstraction photographique développe pour la première fois pleinement son potentiel. Les discours de crise, qui avaient déjà accompagné le tournant abstrait dans l’art au début du XXe siècle, s’instaureront tardivement dans le domaine de la photographie : dans les années 1990, avec le passage de l’analogique au numérique, on entend de plus en plus souvent parler de la « fin de la photographie ». Vingt ans après, le numérique a élaboré sa propre histoire. Aujourd’hui, l’art contemporain l’interpelle – et cette nouvelle photographie analytique se manifeste sous la forme d’une image abstraite.

Adrian Sauer, 16.777.216 Farben, 2010, tirage chromogène, 125 × 476 cm (détail).

Historienne de la photographie, Kathrin Schönegg travaille comme curatrice auprès de la C/O Berlin Foundation. En 2018, la Société allemande de photographie lui a décerné le Prix de la recherche en histoire de la photographie pour sa thèse de doctorat sur la théorie et l’histoire de l’abstraction dans la photographie. Ouvrages récemment parus : Fotografiegeschichte der Abstraktion (2019) et Heinz von Perckhammer. Eine Fotografenkarriere zwischen Weimarer Republik und Nationalsozialismus (2018).

Référence : Kathrin Schönegg, « Une nouvelle abstraction ?Le photographique à l’ère post-digitale », Transbordeur. Photographie histoire société, no 4, 2020, pp. 156-157.

Transbordeur
Revue annuelle à comité de lecture