La photothèque du musée de l’Homme (1938-1960)
Quels enjeux entourèrent la création d’une « photothèque » au sein du musée de l’Homme en 1938 ? Si le principe de la collecte qui orchestrait l’ethnologie d’alors induisit une accumulation de la documentation photographique, elle eut également pour corollaire de rendre les images de l’ethnologie disponibles et diffusables au-delà des cercles scientifiques. Anaïs Mauuarin montre que l’organisation matérielle du service et les démarches effectuées par le personnel de la photothèque témoignent d’une volonté de répondre aux attentes de « clients », revues et éditeurs en tête, capables d’orchestrer cette diffusion. À la fin des années 1930, celle-ci représentait en effet un enjeu d’éducation populaire, tout en s’avérant une source potentielle de revenus pour le musée. On voit alors que, pour répondre aux demandes, la photothèque assume progressivement les fonctions d’une agence photographique, qui trouvera sa place au sein d’un marché des images en pleine expansion.
Anaïs Mauuarin, diplômée en histoire de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est l’auteure d’une thèse intitulée L’Ethnologie à l’épreuve des images. Photographie et ethnologie en France, 1930-1960. Elle a organisé plusieurs journées d’étude autour de cet axe de recherche et a coordonné le numéro de Gradhiva, « Sur le vif. Photographie et anthropologie » (no 27, 2018). Ses recherches s’inscrivent par ailleurs dans une réflexion collective sur les moyens de repolitiser les discours sur la photographie, menée au sein du groupe de recherche Photo/Savoirs/Critiques (rattaché à l’Association de recherche sur l’image photographique), éditeur du numéro d’ Image & Narrative, « (Re)politiser les discours sur la photographie » (2017).
Mots clés : photothèque, musée de l’Homme, ethnologie, service commercial, agence
Référence : Anaïs Mauuarin, « Une agence au musée. La photothèque du musée de l’Homme (1938-1960) », Transbordeur. Photographie histoire société, no 3, 2019, pp. 124-135.