Documenter « la draperie vivante »
Pour une réévaluation des photographies marocaines de Gaëtan Gatian de Clérambault (1918-1919)

Les photographies de Gaëtan Gatian de Clérambault prises au Maroc entre 1918 et 1919 et conservées au musée du quai Branly constituent un ensemble exceptionnel de plus de huit cents tirages, donnant à voir de manière systématique le drapé traditionnel marocain. Leur découverte posthume a fait l’objet d’interprétations diverses, en lien avec les écrits psychiatriques de Clérambault et sa personnalité romanesque. Dans cet article, Annabelle Lacour réévalue cette œuvre photographique singulière à la lumière des archives de leur auteur et de ses écrits sur le drapé, déchiffrant son langage visuel et mettant en lumière l’extrême cohérence, longtemps ignorée, de son projet. S’il existe un lien entre le photographe et le psychiatre, il se trouve dans sa démarche, dans son regard clinique, dans sa précision analytique. C’est avec cette rigueur scientifique qu’il capture le drapé marocain, tente d’en comprendre l’« anatomie » et entame un projet d’analyse et de classification des « draperies actuellement vivantes » dans le monde.

Gaëtan Gatian de Clérambault, homme se drapant, Maroc, circa 1919, tirage argentique, 18,4 x 12,9 cm. Paris, musée du quai Branly-Jacques Chirac.

Annabelle Lacour est responsable de collections photographies au musée du quai Branly – Jacques Chirac. Diplômée en Muséologie et en Recherche en Histoire de la photographie, elle a contribué à la conception, la coordination et la production d’expositions à la National Gallery of Australia à Canberra (2011-2012) et au Centre Pompidou-Metz (2014-2016). Ses publications portent notamment sur la pratique photographique en Indonésie pendant la période coloniale.

Référence : Annabelle Lacour, « Documenter ‹ la draperie vivante ›. Pour une réévaluation des photographies marocaines de Gaëtan Gatian de Clérambault (1918-1919) », Transbordeur. Photographie histoire société, no 3, 2019, pp. 146-159.

Transbordeur
Revue annuelle à comité de lecture