Photographie, publicité et féminisme à la lumière de Gender Advertisements d’Erving Goffman
Dans Gender Advertisements (1979), son unique ouvrage comportant des illustrations, le sociologue Erving Goffman publie une analyse novatrice des postures corporelles dans une perspective de genre, en se fondant sur le concept inédit d’« hyper-ritualisation » : celui-ci promeut le recours à des images publicitaires, pour révéler, via des mises en scène exagérées, la codification des gestes quotidiens. Par là même, Goffman adapte à un nouveau contexte une tradition anthropologique qui remonte à BalineseCharacter (1942) de Gregory Bateson et Margaret Mead, consacrée à l’étude visuelle des comportements. En cela, Goffman s’oppose à l’approche, incarnée notamment par Ways of Seeing (1972) de John Berger, qui attribue à la publicité le pouvoir de construire un imaginaire « mystificateur ». On observe parallèlement une résonance de ces interrogations chez de nombreux artistes ; l’analyse des clichés de genre dans la publicité ou au cinéma, chez Richard Prince, Cindy Sherman ou Robert Heinecken, ou celle des postures corporelles chez la plasticienne féministe Marianne Wex, constituent un ressort critique central dans la production photographique de cette époque.
Damiens Grosjean est titulaire d’un master en français médiéval et en histoire de l’art de l’université de Lausanne, avec une spécialisation en histoire du livre et édition critique des textes. En 2017, il a défendu dans la même université son mémoire intitulé Sérialité, appropriation et stéréotypie dans les Untitled Film Stills de Cindy Sherman.
Mots clés : Erving Goffman, hyper-ritualisation, publicité, féminisme et études genre, théories de la représentation, sociologie visuelle, John Berger
Référence : Damiens Grosjean, « L’‹ hyper-ritualisation › en images. Photographie, publicité et féminisme à la lumière de Gender Advertisements d’Erving Goffman », Transbordeur. Photographie histoire société, no 3, 2019, pp. 188-201.