Le portrait photographique funéraire chez les Éwé
Les Éwé, présents au Togo, au Ghana et au Bénin, marquent les funérailles d’un portrait photographique du défunt. Le portrait hiératique de la personne décédée est une photographie réalisée de son vivant, souvent retouchée, embellie et encadrée par le talent d’un photographe professionnel afin de satisfaire le défunt et d’assurer les vivants du respect des rites. Le portrait, grâce aux propriétés mêmes de la photographie, garantit la présence du défunt par une image vivante et facilite son passage vers le monde des ancêtres – considérés comme vivants pour les Éwé –, monde de l’au-delà en lien perpétuel avec celui de l’ici-bas. Il accompagne les cérémonies (vodou et/ou catholique), il est également présenté aux côtés du corps mort, permettant dès lors un portrait mortuaire singulier. On le retrouve dans les faire-part, les annonces télévisées et sur les réseaux sociaux, il sert aussi de modèle pour la réalisation du portrait peint ou sculpté du tombeau. Si l’effigie funéraire était autrefois l’apanage des familles aisées, notamment chez les Yoruba auxquels les Éwé ont emprunté plusieurs traits culturels et esthétiques, le portrait funéraire permet aujourd’hui au plus grand nombre de célébrer ses défunts.
C. Angelo Micheli est historien des arts africains. Ses recherches portent plus particulièrement sur les représentations de la gémellité dans les cultures africaines contemporaines. Il a notamment organisé une exposition de photographes contemporains africains à la Galerie Dettinger-Mayer, ainsi que Gémellités en 2012 et Femmes d’Afrique. Regards croisés en 2017 au Musée africain de Lyon. Il a entre autres publié « Double Portraits. Images of Twinness in West African Studio Photography » dans Twins in African and Diaspora Cultures, 2011, et « Les photographies de studio d’Afrique de l’Ouest. Un patrimoine en danger » dans Africultures, no 88, 2012.
Mots clés : Éwé, Togo, photographie, portrait, effigie, portrait funéraire, funérailles
Référence : C. Angelo Micheli, « Animer les morts. Le portrait photographique funéraire chez les Éwé », Transbordeur. Photographie histoire société, no 1, 2017, pp. 182-195.