Savoir visuel et méthodologie aux prémices de l’écologie scientifique
Au début du XXe siècle, les précurseurs de l’écologie scientifique entreprirent de promouvoir une nouvelle approche de la botanique fondée sur l’étude des associations et des communautés végétales. Cette approche se matérialisait notamment à travers le rôle primordial de la pratique photo- graphique de terrain. En élaborant une rhétorique de la représentation scientifique dans les publications spécialisées et en développant de nouvelles méthodes, ces écologues ont mis au jour une relation particulière unissant d’une part la photographie et l’expérience du travail de terrain et d’autre part les notions d’observation et de subjectivité. Ce faisant, ils ont dégagé un modèle opérant pour leur nouvelle discipline. Développée et diffusée par les écologues américains Frederic Clements et Roscoe Pound en 1897, la méthode du quadrat offre un exemple particulièrement convaincant de cette valorisation de l’observation scientifique. Avec cet instrument et sa documentation photographique, les écologues ont élaboré une technique de cartographie et de quantification botanique précise qui, paradoxalement, confirmait le rôle central du jugement subjectif et de l’observation dans le développement épistémique et empirique de l’écologie scientifique.
Damian Hughes est chercheur indépendant, historien de la photographie et écologue. Il mène des recherches sur l’histoire de la photographie depuis 2006 et travaille comme commissaire d’exposition, photographe et enseignant. Il est détenteur d’un doctorat en histoire de la photographie et science obtenu à la De Montfort University en 2016.
Mots clés : histoire des sciences, histoire de l’écologie, science de terrain, savoir visuel, épistémologie historique, écologie britannique
Référence : Damian Hughes, « Quadrats photographiques. Savoir visuel et méthodologie aux prémices de l’écologie scientifique », Transbordeur. Photographie histoire société, no 8, 2024, pp. 16-27.