Les autoradiographies de Fritz Goro pour Life
C’est un processus photographique, l’autoradiographie (l’impression photographique de minéraux radioactifs sur une surface photosensible), qui a permis de «découvrir» la radioactivité au tournant du XXe siècle. Ce mythe fondateur, souvent évoqué, a essaimé au-delà des cercles scientifiques parisiens et nourri un certain imaginaire de l’atome qui oriente les représentations jusqu’à aujourd’hui. L’auteure analyse les autoradiographies et photographies de la «matière nucléaire» issues des sites miniers et d’essais atomiques de Fritz Goro (1901-1986), photographe scientifique du magazine Life. Il s’agit d’éclairer les enjeux soulevés par la parution de ces photographies dans les pages de l’hebdomadaire et, au-delà, leurs ramifications écologiques actuelles. En écho aux origines extractives de la photographie elle-même, la démarche de Goro mêle pratiques photographiques et extractivistes à l’aube de l’âge atomique–mettant en lumière certains projets artistiques plus contemporains.
Docteure en histoire de l’art de l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, Kyveli Mavrokordopoulou focalise ses recherches postdoctorales à l’université libre d’Amsterdam (2024-2027), sur la culture visuelle qui découle de l’extraction de l’uranium. Auteure d’articles, notamment pour Environmental Humanities et Les Cahiers du Musée national d’art moderne, elle est conseillère scientifique pour l’exposition à venir Âge atomique (Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 2024).
Mots clés : radioactivité, extraction, uranium, autoradiographie, Fritz Goro, Life
Référence : Kyveli Mavrokordopoulou, « Entrée en matière. Les autoradiographies de Fritz Goro pour Life », Transbordeur. Photographie histoire société, no 8, 2024, pp. 78-99.