Le bien-être animal dans le portrait photographique d’enfant au XIXe siècle
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la faveur de l’émergence aux États-Unis et au Canada des sociétés de protection des animaux, la culture visuelle devient le vecteur de nouveaux discours de bienveillance envers les bêtes. Les périodiques illustrés (Our Dumb Animals, Humane Journal, etc.) publiés par ces sociétés abondent alors en images d’enfants caressant des animaux de compagnie. Plus que les adultes, les enfants s’imposent à l’époque comme les ambassadeurs des ambitions réformatrices des organismes dédiés à la promotion du bien-être animal. Les préceptes éthiques de cette iconographie du bon sentiment percolent dans les portraits photographiques au chien, notamment ceux réalisés par le Canadien William Notman. Cet article entend interroger les registres affectifs convoqués par la photographie dans sa mise en scène des rapports interspécifiques, cela en exposant les mécanismes et les limites de cette pédagogie visuelle de la sollicitude.
Vincent Lavoie est directeur du Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire Figura (UQAM). Professeur titulaire au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal, il a notamment publié La Preuve par l’image (Québec, Presses de l’université du Québec, 2017) et L’Affaire Capa. Le procès d’une icône (Éditions Textuel, 2017), ouvrage traduit en italien chez Johan & Levi (Monza, 2019). Son dernier essai Trop mignon ! Mythologies du cute (PUF, 2020) traite des esthétiques mineures, telles que les images numériques animalières les exacerbent à des fins affectives et pécuniaires.
Mots clés : portrait photographique, chiens, études animales, bienveillance, sociétés de protection des animaux, enfance
Référence : Vincent Lavoie, « L’image de compagnie. Le bien-être animal dans le portrait photographique d’enfant au XIXe siècle », Transbordeur. Photographie histoire société, no 5, 2021, pp. 124-137.