La « folie photographique » de Charles et Ray Eames
À partir des années 1950, la passion de Charles Eames, qualifiée par son ami le cinéaste Billy Wilder de « folie photographique », croît exponentiellement pour atteindre une production de plus de 750 000 négatifs, désormais conservés à la Library of Congress. La photographie de Charles et Ray Eames s’avère centrale à leur pratique de designers (cadrage, vision, valeur de plans, rythme, etc.) et leurs prises de vue constituent les éléments d’une grammaire visuelle se substituant peu à peu au langage. Plus encore, les Awareness Shows, du nom de leur production multimédia, délivrent aussi une surprise ; au fil des années, face aux injonctions de rentabilité du marché, qui sacrifient la qualité d’un design accessible, et surtout face à l’échec du design industriel à engager une réforme sociale, les Eames opèrent un déplacement du design de produit vers le design d’information et du marché vers les institutions muséales.
Alexandra Midal est professeure ordinaire en histoire et théorie du design à la HEAD-Genève où elle enseigne la théorie et le film expérimental comme outil critique. Réalisatrice d’essais visuels, directrice du Festival of Invisible Films et commissaire d’exposition, elle a été assistante de Dan Graham, directrice du Frac Haute-Normandie et a dirigé la Design Project Room (HEAD-Genève, 2010-2015). Drive-In, sa dernière exposition personnelle, s’est tenue au CAPC (Bordeaux) en 2018-2019. Ses dernières publications sont Design by Accident (Sternberg Press, 2019) et The Murder Factory (Sternberg Press, à paraître).
Mots clés : montage, culture visuelle, Charles et Ray Eames, pédagogie, design
Référence : Alexandra Midal, « Un langage pour le design. La ‹ folie photographique › de Charles et Ray Eames », Transbordeur. Photographie histoire société, no 5, 2021, pp. 30-39.