Les archives de John Brinckerhoff Jackson contiennent, parmi de nombreux documents manuscrits, un journal de terrain daté de 1957. Jackson y énumère les faits paysagers, architecturaux et sociaux qu’il observe jour après jour, lors d’un voyage entre l’État de New York et le Sud profond. Il y laisse apparaître un style dépouillé, aux limites des normes syntaxiques, mais à même de renseigner au plus près les réalités à propos desquelles il s’enquérait. Outre qu’il aide à mieux comprendre les pratiques de terrain de son auteur, ce journal permet, indirectement, d’éclairer un usage de la photographie et plus spécifiquement de la diapositive qui, chez Jackson, deviendra prépondérant à partir des années 1960. Dès cette période, Jackson semble en effet avoir délaissé la rédaction de terrain pour privilégier la notation photographique et, après développement des films, l’écriture de textes étroitement articulés aux vues réalisées.
Jordi Ballesta est chercheur, rattaché au CIEREC (Université Jean Monnet, Saint-Étienne) et associé à l’UMR LARCA (Université Paris VII, Denis Diderot). Il est co-auteur de l’ouvrage Notes sur l’asphalte. Une Amérique mobile et précaire, 1950-1990 et fut co-commissaire de l’exposition correspondante. En 2016, il a codirigé un numéro des Carnets du Paysage consacré à John Brinckerhoff Jackson, et édité Habiter l’Ouest de J. B. Jackson et Peter Brown. Avec le photographe Geoffroy Mathieu, il développe le projet documentaire Nimby. Une collection de dispositifs anti-installation.
Mots clés : John Brinckerhoff Jackson, documentaire, factographie, diapositive, notes de terrain, États-Unis, route
Référence : Jordi Ballesta, « Notes de terrain et photographies factuelles chez John Brinckerhoff Jackson », Transbordeur. Photographie histoire société, no 3, 2019, pp. 174-187.