La place des données dans l’image photographique
L’adjonction de données aux images afin d’en « enrichir » le contenu informatif prend son origine dans certaines pratiques microphotographiques datant du XXe siècle. Estelle Blaschke examine les méthodes permettant la recherche d’images au sein de vastes quantités de reproductions enregistrées sur pellicule, et notamment l’encodage du film lié à l’usage d’appareils optiques ou de systèmes de recherche automatiques. Bien qu’elles furent confrontées à de nombreuses contraintes techniques et restèrent pour la plupart à l’état de prototype, ces méthodes permettent de mieux comprendre l’importance des données et de leur gestion dans la photographie numérique contemporaine. L’auteure émet dans son article l’hypothèse générale selon laquelle les méthodes visant à rendre les images plus informatives relèvent en fin de compte d’une logique capitaliste d’optimisation des images à des fins spécifiques et généralement utilitaristes.
Estelle Blaschke est chercheuse post-doc à l’université de Lausanne et enseignante à l’École cantonale d’art de Lausanne. Elle travaille actuellement sur l’histoire du microfilm dans le cadre de deux projets financés par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, en collaboration avec Olivier Lugon et Davide Nerini : « Toute la culture du monde sur pellicule. Essor et imaginaire du microfilm des années 1920 aux années 1950 » et « Au seuil du numérique. Microformes et systèmes automatisés de recherche des images des années 1950 aux années 1980 ». Chercheuse invitée au Max Planck Institute de Berlin (2009-2011 et 2014) ainsi qu’au Visual Studies Research Center à l’University of Southern California en 2017, elle a publié le livre Banking on Images. The Bettmann Archive and Corbis (2016).
Mots clés : recherche d’images, données, encodage, microfilm, Emanuel Goldberg, Eastman Kodak
Référence : Estelle Blaschke, « De la microforme au robot dessinateur. La place des données dans l’image photographique », Transbordeur. Photographie histoire société, no 3, 2019, pp. 90-105.